21BN-Mike Goudreau Band

19 Mai 2021
Critique de Claude Côté

MIKE GOUDREAU BAND
The Isolation Blues PMG Records 

Album cover of Mike Goudreau Band's  The Isolation Blues contains a man holding a guitar
La production et l’enregistrement de chansons à l’échelle mondiale n’ont pas cessé durant le hiatus de quinze mois imposé par les mesures en place causées par la COVID-19 et ses variantes. On a vu au fil des mois des collaborations à distance qui ont donné un peu d’humanité à nos vies. 

Mike Goudreau, bien campé dans ses terres à Stanstead en Estrie, ne pouvait recevoir dans son studio son inséparable ami Dany Roy qui joue du saxophone et de la trompette en plus de concocter les arrangements de sa tuyauterie sur cet inouï 21e album du guitariste. Le Montréal de Roy n’a qu’une couleur: rouge. Le Sherbrooke du batteur de longue date Jean-François Bégin vacille au pourpre; isolés, les trois lascars ont tout de même créé en laboratoire virtuel un disque de blues, de swing, de de rock’n roll à s’en libérer les masques.

Quatorze nouvelles chansons, ce n’est pas chiche. Let’s Go Down To The River s’empare de nos oreilles et notre corps au son d’un jump blues scintillant de joie. Isolation Blues, la chanson atteint toutes les velléités et toutes les intentions d’un blues lent, mais cathartique. Take A Chance With Me est l’occasion d’inviter l’harmoniciste Pascal Veillette qui d'ailleurs se fait entendre sur deux autres morceaux. Le pianiste et organiste Ira Friedman, même à deux lancers de pierre de chez Goudreau, a dû enregistrer sa collaboration sur trois chansons depuis l’État du Vermont où il habite.

Sur Half a Day From Home, Goudreau crée le suspens en misant sur le reverb de sa guitare marécageuse qui nous rappelle Green River de CCR. Sur I Got a Good Feeling et She’s Got The Power, le chanteur prend le pas et est souverain dans cet écrin soul qui groove. En se laissant bercer par Count on Me, les paroles bienveillantes de l’ami qui est là, le calibrage en douceur de cette balade habilement captée, on reconnaît le travail de pro du musicien. C’est raffiné, ça coule de source. En guise de sortie, rendue à la piste 14, I’m Still Cryin’ est plus électrique à la Freddie King, on pense même à Killing Floor de Howlin’ Wolf!

Bien sûr, on esquisse plus d’un sourire en écoutant Isolation Blues. Les coups de chapeaux sont nombreux, de Louis Jordan à JJ Cale... La distance n’a finalement eu peu d’importance: on a vraiment l’impression que tout ce beau monde est dans le même studio, à respirer le même air tellement le courant passe. 9/10

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